De 1914 à 1918, les marines militaires, de commerce et de pêche ont joué un rôle de premier plan et payé un lourd tribut par suite notamment du développement de la guerre sous-marine. Curieusement, les vestiges sous-marins hérités de ce conflit ont été très longtemps négligés cependant que les hommes disparus en mer n’étaient eux-mêmes que rarement évoqués. Conscients de cette lacune, les archéologues sous-marins français ont décidé en 2013 de mettre en œuvre un ambitieux projet afin que le public puisse mieux appréhender cette page engloutie de notre histoire maritime. Ainsi est né le « Projet Danton ». Torpillé le 19 mars 1917 par le sous-marin allemand U-64, le cuirassé français Danton, construit en 1909, a coulé en moins d’une heure, emportant au cœur de ses 19 000 tonnes d’acier près de 300 marins. Largement oubliée, son épave a presque miraculeusement été retrouvée lorsqu’un robot a localisé en janvier 2008, par 1 025 mètres de fond au large de la Sardaigne une vaste anomalie que des études ont ensuite identifiée comme le cuirassé disparu. Deux missions in situ ont été effectuées en 2015 et 2016 par le Département français des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm). Ces opérations ont eu recours à un robot doté d’équipements spécifiquement conçus pour filmer et photographier à très grande profondeur. En moins de six jours, les archéologues ont pu ainsi acquérir plus de 42 000 photographies haute définition et 27 vidéos des vestiges. Ce travail a donné lieu à une modélisation 3D de l’épave qui permettra bientôt au public de visiter le Danton comme s’il était lui-même en plongée sur le site. Le « Projet Danton » a en outre conduit à développer une technologie particulièrement novatrice qui permet d’envisager désormais de réaliser très rapidement la couverture 3D d’épaves situées jusqu’à 2 000 m de profondeur.